David Josselyn
Peinture, sculpture, installation


Durant quatre années, mes recherches se sont concentrées sur le Virus de l’Immunodéficience Humaine (V.I.H.). Une thématique prédominante devenant autant source d’inspiration que d’introspection. Ma volonté première était alors de rendre compte des discriminations encore très présentes face à ce virus pour les communautés porteuses de celui‑ci. Devant la lourdeur de ces actualités, j’ai ensuite décidé de prendre le contre-pied de cette démarche en portant un message optimiste et positif.
Mon regard évoluant au rythme de notre société, l’arrivée dans notre quotidien d’une nouvelle pandémie (le Coronavirus) m’entraîne maintenant à questionner nos responsabilités quant à notre impact sur l’environnement. L’installation de l’ère anthropocène, officialisée en 2016 par le congrès international de géologie, nous oblige effectivement à admettre que la Terre n’est pas un simple décor inerte au service de l’espèce humaine. Au contraire, celle-ci porte toute la biodiversité du monde, dont nous faisons irrémédiablement partie. Le développement économique et social de nos activités engendre pourtant des conséquences allant jusqu’à surpasser la géophysique elle‑même. C’est ainsi que mon travail se tourne sur les neuf limites planétaires représentant les processus qui régulent la stabilité du système terrestre. Selon le dernier rapport du GIEC, six de ces limites sont maintenant considérées comme dépassées. C’est au regard de ces données que j’ai entamé une nouvelle production me permettant de questionner les causes, liens et conséquences de chacune de ces limites. Loin d’un discours moralisateur, il me semble cependant plus pertinent de rediriger le regard sur les processus immanents parmi lesquels nous vivons et agissons.
Le recours à la cire dans ma pratique a également bouleversé mon rapport à l’œuvre, priorisant pour lors les caractéristiques d’une matière à sa forme en elle‑même. La question du processus est de ce fait centrale dans mon travail. La cire étant une matière vivante, réagissant notamment au climat ambiant, elle porte une symbolique écologique et environnementale puissante, en écho aux processus inhérents au monde, autant que dans sa capacité de refonte permanente permettant une revalorisation de la matière.
Désireux de faire évoluer ma pratique par le biais d’autres médiums, j’initie aujourd’hui l’exploration de nouveaux matériaux tels que la céramique, l’eau, ou encore la terre, tout en poursuivant l’utilisation de la cire et de la machinerie.
Ma production se déploie ainsi à travers des œuvres performatives, qui convoquent aussi bien des machines écoconçues que des matériaux naturels. L’entrecroisement et l’évocation de formes fabriquées et de formes biomorphiques me permet de créer une confrontation entre le théâtre de l’Homme et celui de la nature. En invoquant les concepts de cycle et de métamorphose, mon travail instaure une connexion à un monde sensible. Le matériau devient alors l’objet d’une entité poussant le spectateur à mener une introspection et à interroger ses représentations du monde et la perte de conscience de celui-ci.