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Trioreau Hervé

Art Contemporain

TTrioreau "The Sarajevo Holiday Inn On Fire" 2008 / Installation.
Vouvray

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TTrioreau "The Sarajevo Holiday Inn On Fire" 2008 / Installation.
Les propositions de Hervé Trioreau (et ses avatars depuis 1995...) s’inscrivent dans une réflexion liée à la nature du réseau urbain. Ses installations agissent sur la structure même de l’espace construit. Elles mettent en place des déplacements qui en perturbent notre perception et désignent de façon politique le caractère normatif de l’architecture.

Son travail intervient dans les intervalles urbains ; il établit des jonctions dans les rapports intériorité / extériorité. Prenant en compte les enjeux liés à l’urbanisme, et ne visant pas à la seule représentation, il crée nécessairement « in situ » et principalement hors des lieux d’exposition.

TTrioreau se concentre sur l’analyse des structures du tissu urbain. Ses interventions dans l’état des choses en architecture sont souvent très radicales et contraires aux idées établies sur le rôle et le sens du domaine de construction. Dans son système des transformations, le dedans et le dehors ne représentent que deux notions relatives, ainsi que le rapport entre le tout et le détail, entre l’espace réel et l’espace imaginaire. Là où l’on construit, on démolit également : la ville et les bâtiments sont des variables soumises à la logique du marché. Les édifices perdent leur caractère prestigieux de création architecturale pour devenir juste une bonne occasion pour l’investissement du capital qui, au moment où il ne rapportera plus, se déplacera ailleurs en laissant ces maisons se dégrader. Seuls les documents et les maquettes résistent à ces manipulations du marché.

Les dispositifs de TTrioreau agissent sur les zones urbaines, sur leurs murs et leur mémoire. Cherchant à inclure tous les possibles ou devenirs, il crée des territoires hybrides qui se constituent par défaut ou hégémonie et mettent le corps à l’épreuve en le privant des partitions habituelles. Ce sont des espaces transgressés ou transgressifs qui n’offrent pas d’équilibre définitif puisque la limite s’estompe au profit de l’interférence. Si le changement paraît toujours imminent, il est en réalité déjà effectif : sans véritable lieu d’existence, il investit l’ensemble d’un territoire, le transforme en une zone hybride d’où les frontières se retirent. TTrioreau exhibe la production de structures anomales, immanente au champ de normalisation urbaine. L’architecture n’est statique que par l’identité contrôlée que celle-ci assigne. En proposant une perspective alternative, l’installation l’inscrit comme processus polémique. Elle interroge notre confiance en la solidité structurelle du bâtiment, en son immobilité et sa permanence, pour le décrire comme intervalle, passage, transition…

D’une manière générale, c’est sous le double horizon de l’architecture et du réseau urbain que s’inscrivent les travaux de TTrioreau. Quelle est la nature de l’espace construit ? Quels déplacements sont susceptibles de s’y produire ? Qu’en est-il du rapport entre intériorité et extériorité ? Voilà quelques unes des questions qui structurent les propositions de TTrioreau.

La formation de compromis

[…] Le XIXème et surtout le XXème siècle sont riches d’interrogations sur la perception de la réalité. Mais, ce qui semble inédit, c’est cette volonté de convoquer la sphère de l’intime (souvent sur un mode faussement psychanalytique) tout en jouant sur la qualité de l’information transmise (ou sur son brouillage). L’idéal bourgeois d’un espace public, idéal forgé au temps des Lumières et qui présupposait que l’articulation entre espace public et espace privé permettait justement l’autonomisation et l’émancipation de l’individu, cet idéal donc avait définitivement vécu. C’est à partir de ce constat que travaille de TTrioreau – avec son dépeçage méthodique des idéaux liés à l’espace public moderne. […]

Damien Sausset, « La formation de compromis », La scène française, Art Press 2, p. 114-125, numéro 01, mai-juin-juillet 2006.

The HyperArchitecture of Desire

Depuis plus de vingt-cinq années, TTrioreau développe un travail de perturbation des certitudes architecturales. Nous pouvons évoquer un processus de déconstruction, […] d’une démarche d’archéologie d’un inconscient architectural. Dans « Malaise dans la civilisation », Sigmund Freud utilise une métaphore architecturale pour approcher […] de l’inconscient. Il s’agit d’imaginer ce que serait Rome si rien de ce qui s’y est une fois produit ne s’y était perdu et si toutes les phases récentes de son développement subsistaient encore à côté des anciennes ou simultanément. Cette hypothèse est impossible à réaliser de la même manière que les système psychique doit sans cesse réfuter […refouler…] des représentations afin de maintenir un équilibre mental. […]

Sébastien Pluot, conférence « The HyperArchitecture of Desire », École supérieure des beaux-arts d’Angers, 2007.

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