Depuis 2004 l’artiste entreprend d’archiver systématiquement les images des objets électriques. Ce catalogue d’environ 8000 dessins répond à un protocole très stricte d’un point de vue documentaire. Alain Biet utilise la méthode des anciens naturalistes avec un dessin à l’aquarelle, avec toujours un même angle de vision et un même point de fuite sans aucune ombre portée. De par sa banalité outrancière et la perfection de son style, le dessin se pare, paradoxalement, d’une telle solitude qu’il aspire à se charger d’un sens et à témoigner d’un manque. C’est ici l’image fixe d’une disparition et de l’amoncellement pour exprimer le vide. C’est l’image du temps, comme le fit autrement Opalka, avec la même obstination, la même retenue méticuleuse : jour après jour, reprendre le fardeau de l’image comme un journal de bord pour raconter l’inutile mais par le biais de cette beauté froide et étrange qui lui confère une âme. Ne nous y trompons pas, Alain Biet est un grand artiste. Dessinateur, cinéaste, musicien et clown à ses heures, il dévore le temps. Ses échantillons électriques sont des lambeaux de jours, des cailloux semés sur le bord d’une route. C’est ainsi qu’on écrit une histoire. Le film d’animation « Grands Canons », s’intéresse aux notions de prolifération, de migration, de zapping, de déplacement, de classements. Ces ensembles, ces mondes constitués d’une quantité importante d’objets, de dessins, jusqu’à l’envahissement, impliquent un questionnement sur les limites du visible et les relations au vivant. Sans oublier l’héritage des dadaïstes.
En 2023, Philippe Gasnier réalise un documentaire sur Alain Biet dans la série Atelier 205, production Girelle.
Il est visible sur le site de France télévision.
Le film d’animation expérimental Grands Canons est également visible sur youtube.
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