Bien entendu, plus nous pensons en savoir et plus les questions sont nombreuses, bien plus nombreuses que les réponses. L’absence de réponses fait mal, le vide parait indépassable, absolu, définitif.
C’est sûrement en passant du temps à personnaliser notre image, à revendiquer des pedigrees culturels et à se demander quels objets nous définissent le mieux en tant que personne que mes semblables et moi-même faisons mine de lutter contre le vide qui bat en nous. Nous sommes peut-être en train de nous perdre dans une infinité de petites parties de nous-mêmes.
Je tente d’inscrire mon œuvre dans une démarche contraire; en arpentant les passages entre les différents plans de ma réalité je cherche à explorer ce que j’ai en commun avec le monde. Traverser, projeter, tordre pour tourner le regard vers le grand large, découper, assembler, multiplier et mélanger pour dilater les horizons. A travers mes productions je souhaite modifier les rapports d’échelle, ouvrir les angles et déplier les perspectives; je convoque le regardeur dans de grands formats où éléments naturels, objets culturels et visions géométriques coexistent dans des compositions nimbées de science-fiction et de fantastique. Mon cosmos est tissé d’idoles néolithiques, d’écume de mer, de motifs Ndebele, de dunes, d’architecture Sumérienne, de marbre, d’estampes Ukiyo-e, de ciel étoilé. En fils de chaine, Borges, Otomo, Lovecraft, J.Bottéro, Lucrèce, Turrell, Berlioz, Bablet, Blake… Notre espace est court, le temps voyage et notre époque a 12 000 ans.
Je veux dépasser les intimidations et la tentation du repli, pour exalter l’envie d’ailleurs, d’aventure et de découverte.
En état d’apesanteur entre toujours et jamais, je cherche à me souvenir de paysages qui n’existent pas encore. Au fond, peut-être que je ne veux tout simplement plus avoir peur du vide.
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