Anaïs Dunn « Vivant Résistant »
Cette exposition finalise la résidence de trois mois d'Anaïs Dunn. Durant cette période, l'artiste a développé sa recherche artistique autour du livre Printemps silencieux de Rachel Carson.
Qui est Anaïs Dunn ?
Anaïs Dunn vit et travaille à Bourges. Elle est diplômée de la Haute école des arts du Rhin à Strasbourg, et de l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art à Paris.
En 2020, elle obtient le Prix de la jeune création du verre français, Musée/Centre d’art du verre de Carmaux. Son travail fait partie de nombreuses collections publiques, dont le Mudac, à Lausanne (Suisse) pour son oeuvre Tension paysage.
Quel est le style de l’artiste ?
Dans ses installations, l’artiste témoigne d’une méthodologie libre et souvent emprunte de protocoles scientifiques. Elle relie souvent ses formes et ses concepts à des préoccupations écologiques contemporaines, combinées à la curiosité pour des phénomènes telluriques et cosmiques.
L’exposition qu’elle présente dans la galerie de l’école fait suite à une résidence de trois mois. Durant cette période Anaïs Dunn a développé sa recherche artistique autour du livre Printemps silencieux (Silent spring) de la biologiste et militante américaine Rachel Carson, publié en 1962.
Cette pionnière de l’écologie est d’une grande inspiration. Elle dénonce les contaminations de l’atmosphère, des sols, des rivières et de l’océan, ainsi que leur
impact sur le monde vivant, des plantes aux animaux, jusqu’à nos cellules et notre ADN. Elle raconte ses combats contre les pesticides et participe à leur interdiction aux États-Unis.
En écho à ce livre, elle présente l’installation Vivant résistant composée de centaines de microcosmes en porcelaine phosphorescente suspendus dans l’espace. Cette nuée d’éléments représente les premiers organismes de la chaîne alimentaire. Elle est une ode au vivant, aux organismes vivants microscopiques essentiels. Le côté phosphorescent vient souligner l’invisibilité des pollutions qu’ils subissent, l’installation manifeste le déclin de la biodiversité.
Des ateliers participatifs
Les centaines de micro-organismes ont été réalisés dans des temps d’ateliers participatifs, avec la contribution d’élèves de la classe prépa et des cours adultes, ainsi que de visiteurs et des personnes de l’association des Cent voix de Châteauroux. Ces ateliers ont ouvert un échange et des énergies humaines qui avaient comme principe créatif de s’approprier le matériau et les imageries scientifiques mises à disposition par l’artiste (planctons, champignons, pollens).
À même le sol, on découvre une dentelle de ciment gris qui se ramifient sur une portion de l’espace. Le maillage esquisse une sorte de réseau qui, résultant des craquelures dues au manque d’eau sur les terres asséchées, évoque la prolifération des constructions de béton toujours plus nombreuses et parfois absurdes.
Aux murs, l’artiste présente un ensemble de dessins qui explore le potentiel des matières issues des hydrocarbures.
On peut ainsi découvrir un mur de dessins d’huiles sur papier, réalisé à partir d’huile de vidange et un ensemble de « tableaux de bitume » sous verre, matière « morte » qui empêche habituellement la porosité entre les milieux. Ces matières empruntent l’imagerie visuelle du vivant, lichens, algues, dendrites (infiltrations minérales), et jouent avec les codes biologiques et physiques.
Ces différentes oeuvres font écho aux travaux de Robert Smithson amorcés dans les années soixante, prononçant son goût pour les matières géologiques (Earthworks). Il est alors pionnier dans l’utilisation des « matières violentes » de l’industrie (Asphalt Rundown), et dans son rapport artistique à l’écologie.
Le cheminement au sein de l’exposition est ainsi placé sous le signe de l’expérimentation. Et, comme si l’on circulait dans un laboratoire, se constitue au fil des explorations, un paysage composite.
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