Retour à la Revue

Portrait · Christine Arzel

Artiste-plasticienne

Portrait · Christine Arzel
Photographe : Benoît Rajau
Christine Arzel réalise de sobres dessins monumentaux sur papier, à la tempera et à l'encre de Chine, à propos de la beauté du monde, la diversité et l'équilibre. Elle se consacre désormais uniquement à l'art.

Quel est votre parcours ?

A la suite de mes études à l’E.N.S. d’Art de Cergy, et à l’E.N.S. des Arts Décoratifs, dont je suis diplômée, j’ai travaillé dans le design textile et la couleur, les tendances et la communication, tout en poursuivant ma recherche artistique et en exposant.

J’ai étudié à Paris, lieu idéal pour explorer l’art et la culture. Et partout où je suis allée dans le monde, j’ai visité des musées et expositions de toutes sortes, ce qui m’a nourrie et inspirée. La littérature est aussi une grande source de connaissance et d’inspiration.

Enfin, j’ai été marquée très tôt par mes promenades dans la nature en Bretagne, où mon grand-père pharmacien me faisait connaître les noms des arbres, des plantes et des oiseaux, développant ainsi chez moi un goût pour les sciences naturelles et la beauté du monde. Par la suite, j’ai admiré les traités de botanique du Moyen-Âge, les herbiers des museums et les collections des peintres naturalistes.

Parlez-nous de votre travail

Mes productions artistiques se sont élaborées en croisant ces admirations éclectiques. Elles interrogent la structure et l’architecture équilibrée des plantes, leur diversité infinie et jubilatoire, leurs couleurs ramenées à des formes signalétiques, alertant sur la fragilité des écosystèmes.

La composition provient de techniques utilisées en design textile et graphique. Mais le fond inégal du papier, la matité poudreuse de la tempera et la brillance noire de l’encre de Chine, la monumentalité, sont des éléments picturaux. Mon travail se situe sur une lisière complexe entre ces deux univers.

Quel projet vous a le plus marqué ?

A la Médiathèque de la Riche, bâtiment d’architecte, viennent d’être exposés plus d’une trentaine de mes œuvres sur papier, dont un dessin monumental de 4m x 3m, LE GRAND HORTENSIA ROUGE, réalisé dans une salle prêtée par la mairie. J’ai beaucoup apprécié ce vaste endroit où j’ai pu être tranquille pour créer, dégagée des contingences. 

Pour ce projet, j’ai conçu et animé un atelier participatif assez spectaculaire puisqu’il s’agissait de réaliser une immense peinture éphémère de 100 m2 sur le parvis extérieur : BRODER LE SOL 1, en s’inspirant des parterres de broderies et des kolams indiens porte-bonheurs.

J’ai adoré faire participer des gens variés, adultes et adolescents, tous très heureux de peindre au grand air ! Une façon de créer du lien, d’entrer en contact non virtuel, discuter, valoriser les un·es et les autres. Il y a eu les acteurs-actrices de cette œuvre commune, et les regardeurs-regardeuses, tous intéressé·es, de tous les âges et de tous les milieux sociaux. 

Puis, il y a eu les animations avec les enfants BRODER LE SOL 2, invités à venir dessiner la beauté du monde, les fleurs et les oiseaux, à la craie, sur le grand dessin. J’ai raconté une histoire et je leur ai montré des objets naturels qui matérialisent la beauté. A ma demande, les médiathécaires avaient préparé des livres avec des illustrations dont les enfants pouvaient s’inspirer. Ils ont dessiné et les enfants, absorbés, semblaient comme des oiseaux perchés sur les branches de l’arbre de vie. J’ai aimé tisser toutes ces relations, y compris avec les médiathécaires qui ont été d’un précieux soutien !

Quels sont vos projets actuellement ?

Un 1 % artistique : un dessin de 2 m x 1,50 m a été choisi par le jury pour être installé au Lycée professionnel Gustave Eiffel, à Tours. Avec les élèves en métallerie et leur professeur, Meilleur Ouvrier de France, nous réalisons un énorme cadre en aluminium pour cette œuvre.

En parallèle, suite à l’animation de cours à l’Atelier des Arts Céramiques à Tours en dessin/recherche pour des élèves en formation pro, je vais proposer cette année des stages de suivi de projets afin d’accompagner des artistes/artisan·es dans leur réflexion.

Quels sont vos projets dans le futur ?

Exposer dans des lieux qui ont du caractère, partout dans le monde. Aller à la rencontre du public pour créer du lien, partager, transmettre mes connaissances. Je suis ouverte également à des propositions de résidences de recherche et/ou de production.

C’est un sentiment puissant qui m’anime depuis toujours : la ténacité, avec la prescience aigüe de la fragilité et de la fugacité de l’existence. Je dois accomplir ce que je dois accomplir.

Quels sont vos liens avec devenir·art ?

Participer aux formations, notamment au Cycle Arts Visuels, m’a été très utile. C’est une force d’avoir un réseau comme devenir·art autour de soi, qui permet de rencontrer des gens et de partager des connaissances. Les artistes ont une quête en commun qui nourrit entre ell·eux une fraternité précieuse et stimulante.

Arzel Christine • devenir•art
https://www.instagram.com/christinearzel