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 Dust

Exposition de Jérémie Lenoir

Jérémie Lenoir, "Dust"

21 septembre → 20 octobre 2024

Valimage / Maison ligérienne de l’Image 7 Rue Jules Tavers 45190 Tavers

Gratuit, en accès libre

info@valimage.fr

07 88 55 07 53

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Jérémie Lenoir, "Dust"
DUST est un travail photographique réalisé entre 2015 et 2017 à Salt Lake City aux États-Unis. Ce projet parcourt la frontière entre l’eau et la terre tout autour du lac salé, là où s’installent les exploitations humaines de sodium, magnésium, potassium et pétrole.

Rien n’est retouché ou modifié dans les images ; les formes sont composées par les machines ou les écoulements, alors que les couleurs sont l’œuvre d’algues, de micro-organismes ou d’additifs accélérateurs d’évaporation.

DUST poursuit l’étude du paysage menée par Jeremie Lenoir en expérimentant les limites du médium photographique et nous met face à la perte de sens et d’identité dont nos territoires contemporains sont les premiers témoins. Produit des processus politiques et économiques, le paysage contemporain évolue aujourd’hui jusqu’à disparaître dans son assujettissement.

Les «tiers paysages» ou les «non lieux» de Marc Augé se multiplient avec analogie à grande échelle, alors que les périphéries saturées des villes se cloisonnent dans des architectures impersonnelles et déshumanisées.

Depuis 8 ans, les divers travaux du photographe proposent de construire une anthropologie des territoiresen observant leurs évolutions, leurs mutations, et en montrant comment peu à peu les formes et fonctions de nos espaces de vie se globalisent.

Au sein d’espaces vernaculaires, ses études photographiques  tentent de renouveler les postulats émis par la DATAR et le géographe américain John B. Jackson dans les années 80. Les prises de vues qui les composent n’ont pas de sujet propre ou d’intention visant une représentation objective d’une «vérité» du paysage. Composant une mise à distance ontologique, le point de vue aérien est utilisé comme outil et non comme finalité, permettant ainsi, au travers d’un parti pris pictural très fort, de se dégager des codes de la discipline.

S’inscrivant dans la sérialité, les photographies font sens et corps sans individualité grâce au respect d’un protocole de réalisation rigoureux, à la sélection précise des lieux capturés, et au dessin de cadrages volontairement désorientants. L’abstraction, la platitude et la neutralité sont ici revendiquées comme interfaces entre le fond et la forme des sujets, construisant minutieusement ce que Barthes nommait des «photographies pensives». La suppression d’éléments majeurs – le ciel, la ligne d’horizon ou les infrastructures identifiables – nous perd dans un univers irréel que nous ne parvenons plus à reconstituer mentalement de notre point de vue familier.

Dès lors, il ne reste de la réalité que des géométries radicales ou des textures indécises, des lignes totalitaires ou des frontières confuses. Nous devons décrypter l’image afin d’accéder à la compréhension de sujets issus d’un monde que nous savons réel, mais que nous ne pouvons immédiatement accepter.

Dans un second temps, la conjugaison du point de vue aérien et de l’abstraction permet d’interroger la capacité de nos territoires contemporains à délivrer une quelconque forme d’intelligibilité.

Que regardons-nous ? Que faisons-nous ? Que construisons-nous ? Dénigrés comme «lieux» à part entière, les espaces ici capturés se transforment en objets portant dans leur forme un engagement social et révélant, comme dans les productions d’Holger Trülzsch, «une matrice» de notre société. E

ntre la nécessité de capturer le réel et celle de sa transfiguration en tableaux, ses photographies tentent ainsi d’apporter à nos territoires contemporains un réalisme nouveau. Le projet a bénéficié du soutien de la Région et de la DRAC Centre-Val de Loire. 

Biographie

Né en 1983, Jérémie Lenoir est diplômé de l’École Polytechnique de l’Université de Tours et de l’École Supérieure d’Art et Design d’Orléans. Visant une approche anthropologique plutôt qu’une représentation objective d’une “vérité” du paysage, les photographies de Jeremie Lenoir proposent un voyage singulier et sensible dans ce que l’ethnologue et anthropologue français Marc Augé nommait les «non lieux». Tout autant influencé par les artistes de la Kunstakademie de Düsseldorf que par les peintres expressionnistes abstraits et Rothko, Noland, Soulages, Malevitch, son travail tente une représentation du réel et sa transfiguration en tableaux : entre imaginaire poétique et préoccupation sociale, il aspire à apporter à nos territoires contemporains un réalisme nouveau. Depuis 2011, son travail a été présenté à la Collégiale Saint-Pierre-le-Pueller (Orléans), Lasécu (Lille), la Galerie Guillaume (Paris), le Moulin de la Filature (Le Blanc), le Parvis du Stade de Franc ( Saint-Denis), Colysée (Lambersart), CAUE 92 (Nanterre) et Paris Photo. Jeremie Lenoir a été lauréat des prix 7 Lézards, Plaine Commune, Emmanuèle Bernheim et Écoutez-voir Carré sur Seine, et finaliste de la Bourse du Talent et des prix Hasselblad Masters et Roger Pic.

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