Sur la brume qui manque à nos jours
Exposition de Chau Cuong Lê, restitution de la résidence LIGER
*Résidence LIGER (dispositif CAPSULE du ministère de la Culture)
« Je l’ai pensé comme une promenade. Telle Alice qui se perd en courant après le lapin, nous passons sans nous en rendre compte de l’autre côté du miroir, abandonnant la brute immensité des champs pour pénétrer une silencieuse forêt fantasmée. La traversée dure un temps, et peu à peu nous revenons à la réalité, sortant des sombres profondeurs pour retrouver horizon et couleurs. Mais le voyage n’a pas été sans conséquences, on en rapporte un peu de l’étrangeté, malgré nous; cette altération persistante et organique des corps, visages et paysages. Ce sentiment sourd de baigner pour toujours dans un rêve éveillé, dans la brume qui manque à nos jours.”
Chau Cuong Lê développe un travail photographique axé sur la valorisation de l’environnement de vie quotidien, afin d’en aborder les interrogations intimes et d’en révéler la beauté.
Par une approche à la fois plasticienne et documentaire qui favorise l’association d’images, il part d’un individu ou groupe d’individus avec le souci d’évoquer – par le biais de l’intimité – des préoccupations à la porté universelle : rapport à la jeunesse, notion d’attente et de temps suspendu, regard de l’autre, lien à la nature ou à son environnement de vie, questionnement spirituel, exclusion et solitude…
Son processus de travail se caractérise par une orchestration des images qui suit la collecte de matériaux photographiques. Le résultat est un corpus d’images constituant une mosaïque visuelle où se répondent portraits, vues de détails et photos de paysages.
Se construisent alors des polyptyques, qui se nourrissent mutuellement pour créer une narration immersive. Il cherche à s’ancrer dans un travail d’auteur documenté, qui investit un champ et/ou un territoire pour en donner une vision personnelle. L’idée est de porter le public, de l’informer puis de l’amener à s’identifier au sujet, qu’il trouve une résonance avec ses sensations intimes et sa propre vie.
Son approche se caractérise par l’étude de l’intimité, l’exploration d’une sensation d’attente minimale, la confrontation à l’incertitude et aux mutations quotidiennes, ainsi que la contemplation d’une nature expressive. Son travail suit un processus de déambulation, où la marche prend tout son sens et sa place. Elle lui permet de parcourir l’espace, de favoriser la contemplation et de réaliser des rencontres intimes et dialoguées à hauteur d’homme.
Biographie
Formé au photojournalisme à l’Emi-Cfd, Chau Cuong Lê est cofondateur du collectif Ba-SoH. En 2019, sa première résidence de création au Festival Planches Contact de Deauville donne lieu à « Standing on the beach, staring at the sea », un travail sur l’adolescence qui reçoit le Grand Prix du Jury et le Prix du Public.
En 2021, il obtient la bourse du Cnap pour « Le champ des étoiles ou la terre remuée – Part.1 », réflexion sur le chemin de Compostelle commencée après le premier confinement.
En 2022, il est lauréat de la grande commande photographique de la BnF et du Ministère de la Culture, et reçoit également la bourse Territoire(s) du In Seine-St-Denis / MC93. Il développe alors « Un peu d’eau claire et des peupliers à perte de vue », un projet sur le lien à la nature des habitants du département.
En février 2023, il effectue une résidence à Wilson, Caroline du Nord (USA) avec le Festival Eyes On Main Street. En hiver 2023/2024, il réalise « Sur la brume qui manque à nos jours… » lors de la résidence LIGER avec Valimage.
Au printemps 2024, il crée « Dans l’épaisseur fragile des neuf croix » à la résidence du Centre d’Art et de Photographie Lumière d’Encre de Céret. Son exposition « Un peu d’eau claire et des peupliers à perte de vue », inaugure le nouvel espace du 19M, la Parcelle, en accès libre jusqu’au 27 octobre 2024.
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