Retour à la Revue

Portrait · Manuel Fernando Herreno Mejia

Artiste plasticien du Loir-et-Cher

Portrait · Manuel Fernando Herreno Mejia
Manuel Fernando Herreno Mejia est artiste plasticien travaillant principalement la peinture et l’installation. Il est né en 1985 à Bogotá et vit et travaille aujourd'hui entre Paris, le Centre et la Normandie.

Qui/quoi t’a donné envie de devenir artiste ? Quelles sont tes références artistiques ?

Étant jeune, je voulais faire des études de littérature. Après avoir fini le lycée en Colombie, j’ai suivi des cours de créations littéraires, mais ça ne m’a pas vraiment intéressé. À la même période, des ami·es sont rentré·es à l’Académie supérieur des Beaux-Arts de Bogotá. J’ai fini par assister à ces cours d’art qui m’ont énormément plus, mais j’ai pris d’autres voies d’études pour échapper à l’armée. Par la suite, je me suis inscrit au cours préparatoire pour rentrer dans la même école où j’ai assisté aux cours auparavant. Je me suis présenté à l’université nationale et j’ai recommencé mon parcours universitaire en arts-plastiques en 2004. Malgré mes nombreuses études en arts-plastiques, je suis retourné vers un travail de l’alphabet dans mes créations.

Comment te positionnes-tu en tant que parent et artiste ?

C’est extrêmement compliqué et physiquement éprouvant puisque le temps de création et de recherche sont essentiels pour l’artiste et avec des enfants ces temps sont cadrés par un rythme qui n’est pas toujours conformes à mes besoins. Ce mode de vie impacte ma pratique et cela m’a amené à travailler autrement : à faire plus de dessins préparatoires au lieu de travailler de manière automatique. D’un point de vue professionnel, travailler avec des structures ou en résidence reste difficile avec des enfants. Il n’y a pas de dispositif de soutien si l’artiste doit faire un projet de résidence à l’autre bout de la France. Il faut trouver ses propres ressources.

Quel est ton processus pour créer une œuvre ?

Mon processus pour créer une œuvre est circulaire et se découpe en plusieurs étapes. Je catégorise la première phase comme un travail automatique ou je vais noter des idées, faire de la calligraphie, réfléchir à des installations, dans un petit cahier qui me sert de recueil. Je vais utiliser des bouts de tissus, des bouts de bois sur lesquels je vais rajouter de la peinture. Ensuite, vient la phase où je vais mettre mon travail de recherche en grand format. Je vais adapter mon travail en fonction du projet, de si j’ai une exposition et de si j’ai une idée d’installation. Lors de la dernière phase, je m’attaque au système de présentation. Je réfléchis et procède à l’installation de mes œuvres dans un espace.

Dans tes travaux, quels sont tes références et tes principaux thèmes de prédilection ?

Mes influences proviennent principalement de référentiels de littérature latino-américaine, de la philosophie, de la peinture et des installations. Dans la conception du récit, je suis très influencé par le « réalisme magique » qui est un mouvement littéraire des années 70 en Amérique Latine. J’ai fait un peu de graffiti et je me suis rendu compte que l’écriture m’influençait beaucoup. Pour moi, les lettres sont une forme reconnaissable. J’ai toujours voulu m’éloigner de la figuration pour éviter de parler de sujet spécifique, mais d’évoquer des thèmes les plus larges possibles. L’alphabet est un système qui sert à créer des mots pour nommer les choses, ce qui me semble intéressant, comme l’annonce Georges Perec dans Espèces d’espaces, quand il dit que l’alphabet serait l’Aleph de Borges qui peut contenir toutes les choses. Dans mon travail, je fais donc apparaître une forme d’écriture et de travail géométrique qui se dessine à travers les lettres.

Que représente le réseau devenir·art pour toi ? Quelles sont tes relations avec ses membres et ses actions ?

Le réseau devenir·art est une petite bulle d’air où il y a de l’espoir et qui dispose d’une dynamique intéressante qui continue à s’enrichir. Il nous accompagne pour créer des liens et permet de rentrer plus facilement dans le milieu des arts visuels. La première fois que je suis venu à une réunion de devenir·art, j’ai rencontré les membres de qui sont venu à mon atelier. J’ai également eu l’opportunité de participer au cycle d’arts visuels réalisé par Artefacts. J’aimerais m’investir beaucoup plus et j’essaie de le faire sur la commission lieu de création. Je parle beaucoup de devenir·art et j’essaie de faire venir des adhérent·es.