Portrait · Frédéric Herbin
Commissaire d'exposition et enseignant-chercheur à l'ENSA Bourges
Quel est ton parcours ?
Depuis le lycée, j’ai développé un intérêt pour l’histoire de l’art grâce à la création d’une nouvelle option dédiée. J’ai donc décidé de réaliser des études dans ce domaine. J’ai suivi un cursus en histoire de l’art et archéologie à l’Université de Tours qui m’a emmené jusqu’au doctorat en histoire de l’art contemporain. J’ai commencé à enseigner en même temps que je préparais ma thèse sur les commencements des pratiques in situ et de la critique institutionnelle en France. Une opportunité s’est ouverte à l’École nationale supérieure d’art de Bourges et j’ai pu intégrer son équipe pédagogique. Ce qui me plaisait était d’être en contact avec de jeunes artistes et une création en train d’advenir.
Quel a été le déclic qui t’a mené au secteur des arts visuels ?
Au départ, je suis arrivé à l’Université en voulant être archéologue. Au fil de mes études, je me suis aperçu que ce qui m’intéressait dans l’art était le rapport qu’il entretient avec l’actualité de la société et les échanges que je pouvais avoir avec les artistes. En parallèle de mon master, j’ai eu l’opportunité de participer à un commissariat d’exposition collectif au Centre de Création Contemporaine de Tours. C’est l’un des éléments déclencheurs qui m’a donné envie de poursuivre dans cette voie. Pendant mes études, j’ai collaboré à plusieurs reprises avec cette institution : avec Delphine Masson pour un stage, avec Sandra Emonet pour une mission de médiation lors de l’exposition de Daniel Buren au Château de Tours. C’est dans ce contexte que j’ai rencontré Éric Foucault, puis Sammy Engramer et Jérôme Diacre du groupe Laura et que j’ai commencé à travailler avec elles·eux autour d’un commissariat et de la revue.
As-tu tissé des collaborations/partenariats en région ?
J’ai tissé des collaborations via le commissariat et la critique lors de mon travail avec la revue Laura où j’ai pu réaliser des entretiens avec des artistes. C’est une pratique qui m’intéresse et que je poursuis aujourd’hui. J’ai également collaboré avec Mode d’emploi et surtout avec Eternal Network, une structure qui m’a notamment permis de réaliser un entretien avec l’artiste japonais Tadashi Kawamata et, avec Éric Foucault, une exposition autour des images du voguing. Par ailleurs, j’ai travaillé avec l’École de Bourges avant d’y être enseignant pour monter un partenariat en lien avec le département d’histoire de l’art de l’université de Tours avec un séminaire autour de la question de l’exposition, des journées d’études, etc… Dans ce cadre, nous avons travaillé avec le Fonds Régional d’Art Contemporain, le CCCet ces collaborations se poursuivent aujourd’hui avec l’ENSA.
Tu as plusieurs casquettes, celle de commissaire et d’enseignant-chercheur. Comment articules-tu ces différentes activités ?
Être enseignant-chercheur est mon cœur de métier. Les pratiques d’exposition et d’entretien avec des artistes s’articulent totalement à cette mission. Le travail de commissaire et d’enseignant-chercheur sont pour moi des pratiques complémentaires. Il m’est arrivé de faire une exposition qui me permettait d’expérimenter des hypothèses et donc de nourrir mon travail de recherche, par exemple avec les Organisations d’espaces de Jean-Michel Sanejouand. Quand j’ai commencé à travailler sur le voguing, j’ai cette fois débuté par la conception d’une exposition avant de m’y intéresser en tant que chercheur dans un cadre académique.
Que représente le réseau devenir·art pour toi ? Quelles sont tes relations avec ses membres et ses actions ?
Le réseau devenir·art est une suite presque logique de mon engagement dans la scène régionale. Avant l’existence du réseau, j’ai collaboré avec des acteur·rices pour monter des projets régulièrement, contribuer à donner une visibilité à l’art et aux artistes. Il était donc logique de poursuivre mon engagement au sein du réseau lors de sa création. J’ai commencé à suivre les premières rencontres du réseau notamment autour des questions des statuts d’artistes, des rémunérations, etc.., car je travaillais sur un projet d’exposition avec les étudiant·es sur ces problématiques. Quand le chantier de Documents d’artistes est arrivé, j’ai été intéressé, car c’est un outil que j’utilise quand je veux me documenter sur un·e artiste contemporain. Je me suis donc engagé dans le comité de veille autonome et aujourd’hui, je fais partie du conseil d’administration ce qui me permet de contribuer et d’être au cœur du réseau devenir·art.