Jérémie Bruand le pousse dans ses retranchements, éprouve sa réactivité au profit de motifs aléatoires qui apparaissent au gré des pérégrinations de son chalumeau. Les bandes abrasives ne sont utiles que planes et au contact d’un matériau ? L’artiste les présente alors en volume, en nombre, fixes ou en mouvement. Elles deviennent le matériau, le support.
Le travail en série s’ancre dans une logique de l’unicité qui ne peut transparaître que dans le nombre. Ce n’est qu’en répétant scrupuleusement un protocole que chaque pièce se révèle unique. Jeu de hasard, oui, mais maitrisé. Jérémie Bruand conçoit les règles, les applique, invariablement. Dans cette maîtrise tant désirée mais fatalement illusoire, Jérémie Bruand propose une double dynamique au rôle du peintre, à la fois acteur et spectateur de son œuvre. L’idée de la trace, de l’histoire du matériau prend part à la singularité de chaque pièce.
La multiplicité des œuvres permet ensuite d’envisager autant de possibilités de les présenter. Toujours dans un désir contemplatif, voire méditatif, parfois en présentant une œuvre en cours afin de visualiser le procédé. Qu’ils s’agissent finalement de photographies, d’installations, de papier fax ou de marqueur, la réflexion est celle du peintre, de l’expérimentation de réactions. Celles des matériaux, celles de l’artiste lui-même, celles de traces, d’usure, d’anecdotes ou de tentatives. L’infime poésie de matériaux manufacturiers se révèle dans les stigmates qu’ils portent.
L’industriel devient harmonieux, la simplicité du matériau est touchante, il redevient matière. La nature reprend ses droits et s’impose dans des œuvres pourtant nourries de récupération et d’usinage.
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